Si Sarko s'arc-boute à son bouclier fiscal, notre « très cher » maire lui reste droit dans ses bottes pour fouler un parc paysager aussi dispendieux qu'inutile. Au regard des perspectives financières de la commune, un seul geste s'impose : transformer le parc paysager en prairie humide, mais Robert Belliot est-il capable d'auto-critique ?
Face à des comptes publics touchant des fonds abyssaux, même les thuriféraires de la Sarkozie ont éprouvé le besoin d'ouvrir le débat sur le bien fondé du maintien du bouclier fiscal symbole de la bande du Fouquet's. A Pornichet, il est tout autant légitime de s'interroger sur le bien fondé de choix municipaux budgetivores et de demander au chef suprême local de revoir ses positions. « Il n'y a aucun mal à changer d'avis. Pourvu que ce soit dans le bon sens » disait Winston Churchill, Robert Belliot ferait bien de s'en inspirer.
Silence, on coule !
Terrible soirée que celle du dernier Conseil municipal avec une ville dont les finances vont droit dans le mur sans que le pilote ou ses mécanos ne semblent capables de l'arrêter. Depuis 18 mois, le Poulpe s'inquiète des dépenses somptuaires annoncées par Robert Belliot pour tenir ses promesses électorales. Lâcher 200.000 € par-ci, 300.000 € par là était déjà inquiétant mais voilà maintenant que l'unité de compte bondit au million d'euros.
Le Poulpe en fait trop diriez vous. Que nenni ! Pour s'en convaincre, et au-delà d'un budget 2010 en trompe l'œil et dont la sincérité est plus que douteuse (le compte administratif 2010 qui sera publié au printemps 2011 le démontrera fatalement), la municipalité Belliot a ouvert les vannes de l'hydraulique, de l'hippodrome et du parc paysager pour 17 M€.
Face à l'énormité des sommes engagées, il convient d'être précis et de se référer aux chiffres communiqués au conseil municipal :
- Tribunes de l'hippodrome : 7,5 M€ de dépenses pour1,3 M€ de subventions espérées.
- Parc paysager : 6,3 M€ de dépenses pour 0,3 M€ de subventions escomptées.
- Travaux de sécurisation hydraulique : 4,4 M€ pour 0,3 M€ de subventions attendues.
17,2 M€ de dépenses engagées pour 0,9 M€ de subventions espérées, l'ardoise est vertigineuse surtout lorsqu'on observe une dégradation de la capacité d'autofinancement de la commune qui va, visiblement, peiner ces prochaines années à dépasser les 2 M€/an. Avec ces trois opérations seulement, Robert Belliot engage l'équivalent de 8 ans de ressources de la commune sans parler des coûts de fonctionnement que cela induira.
Pour mémoire, en 13 ans, les municipalités Lambert ont investi environ 30 M€, tout en parvenant à équiper la commune (halles, médiathèque, groupe scolaire, locaux sportifs et associatifs, petite-enfance, péri-scolaire, serres...), à réduire l'endettement tout en maîtrisant la fiscalité. En comparaison, avec Robert Belliot, la gestion des finances communales relève plus de la magie noire que de l'orthodoxie monétariste.
Dans le même temps, l'incomparable Bobby continue à avoir bourse déliée pour respecter d'autres promesses électorales (vidéo-surveillance, espace Flammarion, travaux sur les équipements sportifs, capitalisation de 2 sociétés d'économie mixte, ancienne digue du port d'échouage...). Il persévère dans son entêtement sans avoir en face les ressources financières pour payer toutes ses envies. Certes, il peut masquer ces deux prochaines années la débâcle annoncée en vendant à l'encan « les bijoux de famille » amassés par l'équipe Lambert pour structurer un développement harmonieux et socialement équilibré de la commune, mais cela ne saurait durer.
Les faits seront têtus et soit Robert Belliot prend rapidement la mesure de la situation et fait volte-face, soit Pornichet va payer longtemps le passage à sa tête de Bobby la dépense.
Le courage de dire non
Errare humanum est, perseverare diabolicum. Pour Robert Belliot, il est encore temps d'arrêter la machine financière infernale qu'il est en train d'enclencher. Si les travaux hydrauliques ne font que reprendre les investissements prévus par la municipalité Lambert (mais le passage inutile au regard de la nature des dommages potentiels d'une sécurité de niveau demi-centennal à centennal alourdit singulièrement la facture), si les tribunes répondent à une logique potentiellement touristico-économique (même si le projet Lambert était plus ambitieux et reposait pour l'essentiel sur un financement privé contrairement au projet Belliot moins cohérent et quasi exclusivement financé par la commune), le parc paysager, lui, constitue un projet franchement contestable.
Quel intérêt de dépenser autant d'argent dans une ville de cette taille qui dispose de 7 km d'un littoral envié et entièrement accessible ? Quel intérêt à se perdre dans un espace considérable (l'équivalent du jardin du Luxembourg à Paris) alors que Pornichet regorge de chemins agréables et d'espaces publics ouverts sur l'océan ? Quel intérêt de vouloir coute que coute un parc aux contours tellement mal définis que son coût a quasi doublé en 12 mois (3,6 M€ annoncé lors du concours d'architecte/paysagiste, 6,3 M€ comme base de la délibération du dernier conseil municipal) ?
Ce parc échappe à ses initiateurs, son coût devient insupportable pour les contribuables d'aujourd'hui et plus encore de demain, et son besoin toujours aussi peu avéré. Il semble qu'au sein même de l'équipe Belliot le doute augmente puisqu'elle s'est résolue, en contradiction avec ses engagements électoraux, à sévèrement relever les impôts locaux (+0,47 points pour la taxe d'habitation soit +4% en valeur). Il faut que la municipalité sache arrêter les frais tant qu'il en est encore temps. C'est de sa seule responsabilité. Ni l'opposition, ni les pouvoirs publics n'ont les moyens d'infléchir les choses. L'abime financier qui s'annonce pour Pornichet est encore évitable si une majorité des 24 membres de l'équipe Belliot parvient à prendre ses responsabilités et à se montrer digne de son mandat.
Pour l'avenir de Pornichet et de ses habitants, personne ne peut se résoudre à penser que la triste constatation du dramaturge britannique Somerset Maughan lorsqu'il écrivait que « comme tous les hommes faibles, il tenait absolument à ne pas changer d'avis » aurait une déclinaison locale. En renonçant à ce parc paysager, Robert Belliot gagnerait en crédit voire en respectabilité. On veut y croire...