Jean-Claude Empereur l'a initié, Jacques Lambert l'a développé, Robert Belliot l'a détruit. Ce dernier a profité d'un Conseil d'Administration du CCAS, pour faire voter, à une majorité d'administrateurs dociles, la disparition annoncée du service municipal de portage de repas à domicile pour les personnes âgées.
Jeudi prochain, le Conseil municipal aura droit à la lecture du rapport d'activité 2009 du Centre Communal d'Action Social. On pourra entendre que le Point Information Personnes Agées a pratiqué 539 interventions dont les deux-tiers consacrées au maintien à domicile des personnes âgées On apprendra aussi que 20.758 repas ont été livrés à 129 personnes âgées différentes. Par contre, à l'Hôtel de ville on voudrait passer sous silence la fin annoncée du service de portage de repas à domicile pour les personnes âgées.
Le social à la sauce Belliot
Chaque jour, 75 Pornichétins bénéficient du service de portage de repas à domicilie du CCAS. Régulièrement ou ponctuellement (au retour d'une hospitalisation par exemple), ils ont droit à un service essentiel dans leur maintien à domicile. Le passage d'un agent communal rompt l'isolement, permet au bénéficiaire d'obtenir des conseils et d'engager des actions de prévention.
Destiné aux personnes de plus de 65 ans, ou handicapées, malades ou en grande difficulté temporaire, ce service assure 6 jours sur 7 des repas en liaison chaude et propose un repas froid pour le dimanche. Cette prestation, facturée en fonction des ressources du bénéficiaire, est complétée par des activités adaptées à la situation de chacun (promenades, rencontres...) pour maintenir la personne agée dans un réseau de relations sociales. Mais... tout cela n'est pas du social pour Robert Belliot.
Pour justifier cette volte-face, Bobby la Cata a en effet fait écrire qu'il "importait que le CCAS se recentre sur le caractère social que doit nécessairement avoir son activité car il ne doit pas se trouver en concurrence avec des entreprises privées". La motivation de notre Phare de la Pensée est bien de ne pas faire ombrage au roi Marché. La délibération, on ne peut plus explicite, indique que "le service proposé par le C.C.A.S. est un service proposé à des tarifs très concurrentiels, compte-tenu du subventionnement de la collectivité, mais il est positionné sur une activité appartenant au secteur marchand".
Honteux
Si l'on suit la fallacieuse pensée du maire UMP de Pornichet, seule l'absence du marché pourrait justifier l'action publique. Même les ultra-libéraux à la sauce Madelin n'auraient pas osé.
L'argumentaire n'est pas recevable car comment imaginer que les prestataires privés pourront assurer un service de proximité de la qualité de celui rendu par des agents communaux qui ont, le luxe considère sans doute Robert Belliot, de pouvoir proposer un peu de temps et pas seulement un repas aux personnes âgées de Pornichet.
L'argumentaire est naturellement honteux, car, si l'on suit le Grand Leader local, sous prétexte de présence d'entreprises privées, le secteur public serait hors jeu. Mais alors, les collectivités devraient-elles renoncer à produire de l'eau potable et à gérer en régie leur assainissement, comme le fait la CARENE par exemple, pour le seul bon plaisir des amis du Fouquet's (Bouygues, Suez ou Véolia) ? Les enfants des écoles devraient-ils tous déglutir les repas et les factures de Breizh Restauration, Eurest ou Sodexho plutôt que de manger la production assurée par le personnel communal de restauration collective comme c'est le cas à... Pornichet ?
Droit dans ses bottes, Robert Belliot indique clairement qu'il compte "dans un premier temps redimensionner le service à compter du 1er septembre 2010, en recentrant le service en faveur des bénéficiaires disposant de ressource plus faibles et en demandant aux bénéficiaires qui disposent de ressources suffisantes de se tourner vers les services privés." En clair, on commence par un critère de revenus pour diminuer par deux le nombre de bénéficiaires avant de passer tout le monde vers le privé.
Cynique jusqu'au bout, Robert Belliot en sa qualité de Président du CCAS indique dans sa délibération que le "Point Info Personnes Agées du CCAS recherchera avec les bénéficiaires les moyens à mettre en œuvre pour les aider à passer sur des services assurés en liaison froide (par exemple, une aide à domicile pour aider au réchauffage du repas) et une aide pour l’établissement de dossiers de prises en charge financière auprès de divers organismes". Un service plus cher pour l'usager, plus couteux pour le contribuable au sens global du terme mais plus de profit pour le privé, voici le sens républicain de Robert Belliot.
Pas à une incohérence près, notre Grand Penseur pourra méditer la page 64 du rapport 2009 de l'activité du CCAS qu'il préside. Il est écrit en toutes lettres : "nous notons un fort développement des sociétés et associations de service aux personnes, qui proposent notamment d'intervenir au domicile des personnes âgées. Compte-tenu de la fragilité de ce public, il convient d'être vigilent quant à la multiplicité des intervenants". Si c'est Bobby qui le dit...
Aveuglement idéologique ou réponse à une faillite programmée des finances communales ? Après avoir spolié d'un million d'euros le CCAS pour une sombre affaire immobilière, il ferme le service de portage de repas à domicile pour les personnes âgées. Décidément, avec Robert Belliot, le social est soluble dans le marché !